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L'échec cuisant de 2021 : compte-rendu des championnats du monde en France

C'était l'été 2021, sous contraintes Covid du moment, on était au centre de la France, à Montluçon, il y avait des pilotes du monde entier, les Russes et les Anglais étaient en quarantaine et on nous promettait de tout stopper si un cas positif se présentait... Apparemment, il n'y en a pas eu, et à la fin, les Allemands et les Polonais ont gagné! Crédits photo FFVP / WGC Montluçon.

Le ciel est moche? J'ai l'air fatigué? Oui... cela résume à peu près ce mondial pour moi hélas.

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Vous pouvez relire le compte-rendu du prémondial de 2020 qui annonçait pas mal la couleur des difficultés de 2021 >>ici<<


Souvent, en sport, le pays organisateur essaie de proposer un terrain favorable à son équipe nationale. Le foot propose son stade fétiche et le remplit de ses supporters, la voile y va de son centre national, le ski sa piste d’entraînement, le Kayak son plan d’eau vive. Nous ? Non… On avait déjà évidemment vécu des championnats à Montluçon avec parfois de belles météos mais le site semblait vraiment « casse gueule » pour parler français.


A quoi cela tient?

Probablement trop près du Massif Central ou pas assez loin selon le point de vue, pris en tenaille entre ces reliefs au Sud et la belle plaine d’Issoudun au Nord, Montluçon propose la météo typique des plateformes où le ciel est toujours plus accueillant 30km autour. En disant autour on pense en fait « Nord » car le sud est peuplé d’espaces aériens et son sol encore moins « vachable ». .

Le plancher de Montluçon en remettait aussi une couche après ces mois pluvieux (comme partout en Europe de l’Ouest) : constitué de bosses et de bocages, très humide et désorganisé, rendant départs et arrivées depuis le km20 (très) chaotiques. Le pré-mondial de 2020 avait mis le ton : les créneaux de départs seront fugaces, voire uniques.



Ciel chargé et bas, sol pas très accueillant, les 3 mois de pluie avant ce mondial on fait du mal.


Une équipe nationale expérimentée mais...

Le challenge était déjà assez clair. On ne venait donc pas vraiment la « bouche en cœur » sur cette belle plateforme. Maximilian Seis et Laurent Aboulin (remplaçant Jean-Denis Barrois, forfait) seraient nos « 15 mètres » sur les JS3 de la FFVP aidés de Stéphane Raddi et Philippe Moniot, Killian Walbrou et Eric Bernard (remplaçant Antoine Havet, forfait) nos « Clubs » sur les LS7 de la FFVP aidés de Nicolas Tworek et Alexandre Gaudry, Méric Morel et moi-même les « Standards » sur les Discus-2a de la FFVP aidés de Monique et Didier Morin, le tout encadré par Eric Napoléon pour tenter de nous coacher dans cet environnement imprévisible. La plupart ont déjà volé là, chacun avec son petit traumatisme et son envie d’ailleurs, les autres vont le découvrir au fil de l’eau. C’est tout le challenge pour Eric entre faire accepter et prévenir de la difficulté : pas simple du tout de faire serrer les dents à 6 pilotes presque trop expérimentés ! C’est probablement ce mode « warrior » qui nous aura manqué, nous y reviendrons.



On s'est quand même marrés avec Monique, toujours parfaite pour m'aider au sol.


Moi entouré de Laurent Aboulin (en bleu) et Maximilian Seis (en noir), une équipe très (trop?) expérimentée


L'Organisation, une somme de renforts bienvenus


La FFVP et le club de Montluçon ont mis de l’énergie pour organiser ce mondial : de (trop) nombreux emails sont reçus en amont, ça parle paperasse, logistique, Covid, agenda, le tout pour essayer de limiter les risques et les contacts une fois sur place. On y va du sticker pour la voiture, des zones de quarantaine, des badges… tout cela sera peu utile au final dans la vie réelle, la principale contrainte aura été le masque en briefing et dans les zones « denses ». Les équipes qui devaient effectuer des tests se révèlent toutes négatives, soulagement, mais chacun y va de sa vigilance et de son bon sens au quotidien. Nous restons des humains. Les infrastructures sur la belle plateforme de Montluçon sont minimales. Le club a ainsi organisé une zone de restauration (bravo aux bénévoles impliqués pendant ce championnat sans relâche !!!) et une buvette « cosy », juste un peu mal placée pour vraiment avoir du succès, dommage. La FFVP a aussi affrété le Car-Podium « Top Gun Voltige » bien connu de la Roche-sur-Yon. Il est placé à côté de la zone publique avec le simulateur planeur fédéral, bien en vue de la piste, idéal. Il sera le QG de la communication fédérale et une zone de détente pour de nombreux pilotes et le staff. Le club de Montluçon est une petite association présidée par Béatrice de Raynal, donc le renfort fédéral était bienvenu. Ainsi Thierry Paris est secondé de Luc Guillot pour la partie visible de l’Iceberg de gestion de course, plus Michel Jacquemin avec Aude Untersee assisté de Yvain Rousseeuw pour étudier la météo et construire les circuits, Sébastien Chaumontet manage l’équipe tracking et scoring, Joël Dumay gère les nombreux pilotes remorqueurs. Maritchu Heguiaphal et son équipe de communication FFVP prend la main sur la partie média, sans compter de nombreux bénévoles issus d’autres clubs pour tenir la piste, gérer les contrôles techniques, remorquer, tirer les câbles, assurer les pesées journalières, etc… Je pense que jamais autant de personnes externes à un club organisateur n’auront été présentes pour organiser un tel évènement !



On parle souvent des bénévoles en piste mais le club de Montluçon a aussi assuré l'intendance de restauration du mieux qu'il pouvait, bravo pour l'effort.


Cela ne va pas sans « couac », et en premier lieu la difficulté logistique d’héberger tout ce monde. Également, nombre de ces personnes sont sans expérience aucune d’un tel évènement, occasionnant quelques flous artistiques en début de championnat. Les 2 Stewards IGC, Frouwke Kuijpers et Robin Maarschalkerweerd (« appelez-moi juste Robin » comme il dit), sortes de « commissaires sportifs » rompus à organiser et assister lors de ces évènements, les règleront en souplesse durant les 4 ou 5 premiers jours de course.





Echauffement pas au programme et quelques miracles...


En effet, pas vraiment d’entraînement sur place avant le championnat, la météo jouant contre l’organisation, ce qui n’aide pas Eric à placer le ton martial de rigueur dans le groupe France pour ce qui se révèlera un bien dur championnat. Dur mais il faut garder le sourire, plusieurs équipes TV / Radio suivant principalement l’équipe nationale pour parler de la course en planeur aux français. Une initiative bienvenue, gérée par Maritchu et accueillie sans soucis par Eric et toute son équipe. Rentrons dans le vif du sujet, et un des points qui posait question concernant les temps de remorqués se révèlera une réussite avec près de 14 remorqueurs (!!) pour 95 planeurs présents (92 au bout de quelques jours…). Certes, on ne passait parfois pas bien haut au bout de la pourtant longue (1900m) piste en dur derrière le « Rallye 4 pales », mais en une heure à peu près, le taf était fait. Et cela aura permis des décollages pas aidés par la météo donc il fallait faire « vite ». Alors pourquoi 92 planeurs pour 95 engagés ? Et bien tout simplement 2 miracles au compteur : pas la météo non, mais à choisir on prend ceux qu’on a eu. Une « touchette » en spirale entre un Ventus-a et un LS8 se soldant par une profondeur de Ventus 20% détruite et des rayures sous l’aile du LS8 (qui aurait pu perdre un aileron pour le même tarif…), les 2 pilotes se reposent sans bobo. Et un remorquage moteur « toussant » en bout de piste suite à une jauge carburant défaillante et mauvaise sélection de réservoir, offrant au Discus-2a chargé de 200 litres d’eau l’occasion de laisser son winglet gauche dans la clôture lors de son demi-tour pour rejoindre la piste en contre QFU… Tout va bien, touchons du bois. Le LS8 et le Discus-2a revoleront sans soucis, le Ventus non. Un autre LS8 essuiera des soucis techniques dans une aile, tandis qu’un Jantar se fera rouler sur son aile détruite en piste… par sa propre équipe ! La maison c’est par là merci… Le reste des soucis en vol se limiteront aux classiques « Intérieurs » que certains pilotes prennent pour un droit inaliénable. On sait tous pertinemment qu’au centre de l’ascendance, « c’est meilleur », mais si un pilote le fait tout va « bien » (en fait, les autres se poussent clairement pour le laisser passer), mais si tout le monde le fait, bonjour le chaos ?!... Bref la notion du « c’est mon ascendance et mon ciel » restera un peu trop prégnante chez certains, quoi qu’on leur dise. Et sauter en parachute à 400m sol ne sera pas mon truc.


Une tête bien mobile était utile pour s'éviter quelques frayeurs de temps à autres dans les paquets...

C'est parti pour la journée typique du pilote de compétition


Notre quotidien est d’une routine implacable : arrivés pour 10h15 pour un débriefing de groupe avec Eric, vu que nous sommes rarement tous présents sur le terrain en fin de journée (vache…). Notre équipe sol est déjà sur le pied de guerre dés 7h30 ou 8h pour ballaster, remonter, réparer les petits bobos et mettre en piste les planeurs. On ne les remerciera jamais assez donc MERCI !!! Au chapitre des bobos, les classiques ballasts de queue des Discus, roue Beringer à hernie, roulette de queue des JS3, trappes de train abîmées aux vaches, vérin de verrière, mais rien de bien sérieux. On embraye ensuite à 10h30 pour le briefing officiel de la compétition. Luc Guillot, en « Monsieur Loyal », assure la distribution des postes et le timing « in English ». Thierry se concentre sur la partie décollages, circuits et arrivées, qui sera une quasi constante tout le championnat avec une arrivée par le Nord qui limite les choix et solutions. La piste s’y prête bien, il y a de la place. Il s’emmêlera gentiment les pieds dans le tapis avec l’espace aérien lors des premières journées mais les Stewards IGC veillent au grain, sans conséquence. Aude synthétise les conditions météo du jour, et elle aura eu fort à faire, les plafonds et conditions étant hélas bien souvent encore pires qu’annoncées, la météo ne s’achète pas. Quelques rappels de sécurité par Robin et logistiques par Béatrice pour parler de la bonne gestion hygiénique de la plateforme seront les variables dans ce tempo matinal. Pas de chi-chi mais on sent que dans les coulisses, pas mal de petites mains préparent la présentation pour que tout roule au mieux, bravo ! Il est 11h et nous passons à notre briefing d’équipe avec Eric. On essaie de synthétiser les avis, ça parle météo et sol forcément, Laurent Aboulin fait profiter de sa connaissance locale, il a volé longtemps à Roanne et Vichy. Eric tente de canaliser les énergies ou de secouer si il faut, voire de simplifier la vision, pas si facile avec des pilotes aguerris et qui savent ce qui les attend. Les décollages souvent prévus vers 12h30 se feront rarement avant 13h30-14h, ce qui limite au final le potentiel de la journée et annonce des arrivées difficiles pour les retardataires. Pas vraiment de quoi desserrer la mâchoire en piste en voyant le timing filer.


Côté tracking, chaque planeur a un tracker IGC officiel avec suivi décalé de 15 minutes avec le temps réel pour éviter la mainmise des équipes au sol sur la tactique de course. Libre aux pilotes de laisser leur Flarm trackable sur OGN en direct. Les français garderont le Flarm « ouvert » pour échanger des infos en vol mais non trackable sur le réseau OGN pour ne pas se faire pister par le sol. Dans tous les cas, le Flarm est évidemment obligatoire en vol, mais certains planeurs ne le feront pas beaucoup sonner... Pour des raisons pratiques, la classe Club sera souvent la première à décoller, plus facile pour accrocher dans de telles conditions avec 35kg/m2 de charge alaire. Mais nous comme les 15m ouvriront de temps en temps le bal pour mieux profiter de la vue en bout de piste derrière le remorqueur. Ça passe…


Allez, jour 1 on annule tout

La météo aura été le métronome du championnat : peu ou pas d’entraînement sous un ciel froid et pluvieux, une première course annulée pour toutes les classes sous la même grisaille entrecoupée d’éclaircies venteuses.



Jour 1, il en fallait bien un où le bal des housses était de la partie ;-)


Jour 1 le vrai

Les 15m patienteront une journée de plus pour rentrer dans la course alors que seul Eric Bernard rentre de ce jour 1 pour le collectif français. Chez les Standards, 11 planeurs finissent dans le même champ y compris moi et Méric, kilomètre 14, cela deviendra une habitude dans cette zone pour de nombreux pilotes. La météo est passée de 8/8ème au pur « affaissé » sans trop de transition. Pourtant on ne partait que pour 156km avec des machines de plus de 40 de finesse !


Jour 2, pas bien mieux

On remet cela le lendemain pour 130km ! Et pas bien plus vite mais on rentre au moins comme la quasi-totalité des concurrents de notre classe. Déjà le Danois Bojanowski persiste et signe en remportant ces 2 premières courses sur Discus-2 dans notre classe, les anglais et allemands se placent aussi. On limite les dégâts en espérant une amélioration où on « pourra s’exprimer ».


Jour 3, les gamins ne veulent pas jouer!

Elle ne viendra pas le lendemain puisque, faute d’assez de planeurs parcourant au moins 120km, la journée est invalidée dans notre classe. Ne mettons pas tout sur le dos de la météo car là, clairement, personne ne voulait y aller et 90% des pilotes sont partis si tardivement que la course s’en trouvait neutralisée. Pas de bobo dans les champs et bravo à Luca Urbani (Italie) qui boucle seul le circuit en partant 1 heure avant nous… Néanmoins le choix de tracer une première branche très Est là où le sol est particulièrement mauvais (tout comme un départ très Ouest) n’a pas aidé les pilotes à se lancer dans ce thermique pur affaissé. Nos « classe Club » souffrent ce jour en faisant partie des rares vachés de leur groupe, la tête du classement général s’éloigne déjà. A quoi cela tient ? Killian explique à 500m sol 0.2m/s sous un paquet, ils quittent ne s’imaginant pas qu’il n’y avait rien devant eux. Masse d’air violente sportivement pour nos 2 champions du monde.



Killian Walbrou profite des derniers conseils d'Eric Napoléon qui aura eu fort à faire avec son équipe nationale 2021.


Jour 4, Zeus s'y met...

La journée suivante se révèle encore pleine de surprise : ça sent la belle journée à cumulus et des orages qui ne devraient pas nous inquiéter, mais la pause déjeuner voit des bourgeonnements inquiétants au Sud-Ouest (et le vent vient de là). La buse décolle et les planeurs sont lancés sous un beau ciel sauf ces alto-cumulus et ce front bizarre au SudOuest qui approche… On est sur les starting-blocks et il faut partir avant que cette couverture ne pose soucis sur la zone de départ. Ça part fort avec Méric - pour une fois on a gardé la flotte - et direction Issoudun, après 15 minutes on entend que les classes 15m et Club sont annulées, les 15m décollés les derniers ayant bien du mal à accrocher sous la couverture orageuse du front. Nous, on est partis et c’est tirage de bourre sur cette première branche. Un paquet se forme au kilomètre 30 du terrain et la radio crépite, c’est Eric « annulé pour les Standards aussi, rentrez !... », je demande confirmation mais c’est bien cela, il a dû se passer un truc « moche », un accident ? La vie dans le paquet change radicalement, tous les pilotes volent cool dans l’ascendance, on fait bien le plafond avec Méric, sentant que le retour peut être dur. Bien nous a pris de faire le vrai plafond car devant, le front orageux « tue » tous les cumulus et souffle fort en basse couche. On rentre néanmoins sans soucis mais quelques-uns se vacheront. Une fois posé, on nous demande de démonter, cause orage, il pleuvra un peu mais sans plus. Décision pas facile pour la direction de course devant les infos météo contradictoires, et on aurait fini dans les champs très probablement, mais pour une fois cela partait bien…



Baptême du feu pour Aude Untersee en météorologue du mondial, elle nous répètera son désolement pour les conditions météo maussades et la difficulté des modèles dans ces conditions critiques, le beau temps reste une anomalie après tout ;-)



Jour 5: le début de la fin des illusions

La journée suivante sera, rétrospectivement, la plus « standard » avec près de 1700m dans la région d’Issoudun (ne riez pas, nous n’avons pas volé plus haut sauf une ondulette lors de la première course…) mais des conditions très hétérogènes et de l’air chaud grignotant peu à peu la zone de vol par le Sud. Je fais un départ déplorable et sans Méric pour m’aider car l’accrochage aura été difficile, m’obligeant à un second départ tardif (16h15) pour 2h30 de circuit sur zones… Méric fait un vol en dents de scie et manque un thermique pour rentrer. Moi, je paie une erreur de fin de circuit (gourmandise) et doit raccrocher « par terre » pour rentrer par miracle, journée maussade pour nous et frustration de voir une telle incertitude même sous de beaux cumulus. Nos 15 mètres ont, eux, « cartonné » et remportent la course, les Clubs font très bien.



Max Seis et son coéquipier Laurent Aboulin brillent avec leurs JS3 pour cette course!



Jour 7 au tour des 15m de souffrir

Vous devinez évidemment que le lendemain sera le tour des 15m de se prendre 1 heure dans la vue, à survivre en proche local pour enfin se hisser en arrivée. La fin de convection est brusque, toute envie d’allonger un AAT se paie au prix fort dans du thermique souvent trop petit pour un planeur. Les oiseaux qui nous accompagnent s’en tirent beaucoup mieux. C’est aussi la journée où je perds tout espoir de briller, me prenant 200 points suite à un départ déplorable et insistant dans une zone peu favorable et seul. Le retard du début de vol se paie et ne sera pas rattrapé sur de si courtes courses. Pourtant le ciel paraissait beau mais il en faut peu pour faire un cumulus cette année, définitivement, et les bulles sont souvent passées quand vous arrivez...


Jour 8, bref je vais encore au tas...

Après ces relatives belles courses, petite pause sous un ciel gris et froid pour une journée de repos officiel bien méritée. On repart ensuite sur une série de vaches, cette fois-ci c’est le vent de face en arrivée et un énorme étalement (petit front froid arrivé plus tôt que prévu) qui met 2/3 de notre classe au tapis(dont moi), des conditions qu’on avait aussi vécues en 2020. Méric rentre « juste-juste » en déployant tout son bagage technique en basse couche, bravo ! Mon objectif de finir proche du podium est définitivement aux oubliettes. Enrique Levin de l’équipe allemande tombe également ce jour, les Tchèques pourtant champions Européens en titre sont aux abonnés absents depuis le début de la compétition et les Polonais font du « up and down » comme nous. Dur ?...

C'est pas de 2021 mais cette photo vaut le coup donc je la remets (vache de 2020 au km15 de Montluçon)



Jour 9, presque ok

Lendemain annulé dès le matin sous un ciel gris, bas et froid. On se repose avant le dernier rush qu’on espère plus souriant pour l’équipe de France. J-1, la météo semble enfin coopérative, mais on aura droit tout de même à des étalements rendant la tâche difficile pour beaucoup avec encore des vaches à la clef. On part sur un circuit sur zone de 2h15 qui nous emmène d’abord plein Nord, puis vers l’Est et ensuite un détour par le Nord (Lurçy-Lévy) avant de rentrer. Le sol influencera moins que les étalements la zone de circuit et le 1er cercle est très peu utilisable car déjà étalé, tout le monde fait court. La 2ème branche fait beaucoup de mal à Méric qui raccroche bas avec Jez Hood (Angleterre), je fais quelques détours et souffre moins en montant mieux mais en piochant allègrement dans la basse couche. La 3ème branche propose des lignes de cumulus que nous surfons mais sans pouvoir pousser vraiment, cela devient déjà mou sauf dans les thermiques. On rentrera presque miraculeusement sur un dernier vario mou sous un ciel grisaillant pour nous mettre sur le plan, en retard par rapport à un paquet qui semble profiter de bien meilleurs varios devant. Les Allemands nous font une démonstration de la force du vol en triplette et raflent le podium avec brio en me collant la bagatelle de 13km/h de moyenne ! Méric paie en plus son point bas, passons au dernier jour…



Une belle équipe d'Allemagne qui nous fait une leçon de travail collaboratif dans ces conditions difficiles. Bravo!


Dernier jour, épilogue à l'image du championnat

On l’espérait meilleure, mais cette dernière course sera à l’image du championnat : lente. En plus du thermique pur annoncé, Aude nous prédit aussi une belle couverture de cirrus sur une partie du circuit, et ce sera hélas exact. On décolle les derniers, il est déjà tard, et on se met le plus tôt possible en capacité de passer la ligne de départ, obligé de quitter le local pour cela ! La suite est prévisible : dès que la majorité des pilotes est placé convenablement tout ce beau monde prend le départ sous un ciel laiteux et se couvrant de plus en plus. On fait le job en trouvant et centrant un thermique tous les 5 ou 6km, parfois sous un petit fracto sous le ciel voilé, le paquet fait ainsi son chemin tranquillement. Le 1er point de virage nous voit largués par certains, plus opportunistes sur les quelques cumulus qui apparaissent mais la suite est difficile pour tout le monde. On vire Issoudun sous 8/8eme de Cirrus épais en grappillant des 0,4m/s avec l’espoir de revoir le soleil qui arrive par l’Ouest. Toute la classe fait ainsi l’écart vers le soleil plutôt que de revenir directement vers Montluçon et ça fonctionne même avec le soleil bas, plutôt que d’atteindre 900m on frise les 1300 une ou deux fois ! Les classes Club sont 20 minutes devant et cela semble encore acceptablement bien rentrer sur le terrain, mais ces 20 minutes coûtent cher : comme d’habitude les 40 derniers km sont peinant. Tout le paquet s’est reformé et je me retrouve en haut aux grés des 0.4m/s glanés. Devant, quelques fractos se sont formés pour me donner le dernier espoir de vario, ce ne sera pas le cas… Un Asw20 « gigote » plus à l’Est et je le rejoints pour profiter de 0.2m/s quelques minutes. Arrivé plus bas, je finis plus haut que lui, pour finir 100m sous le plan sur le cercle d’arrivée « calé 0 »… Au mois la piste semble atteignable « à l’œil » sans se faire peur et la consigne d’Eric était claire « essayez de rentrer… ». La transition à 95km/s montre que le Discus est bien meilleur que l’Asw20 dans cet exercice et je le vois souffrir 37m plus bas au Flarm pour atteindre la piste. Posé sur la « 17 dure » en direct, dégagement au taxiway, Montluçon c’est fini ! J’exulte dans le cockpit ! Les Allemands ne tardent pas à arriver derrière, enfin Jan et Simon qui sabrent le champagne amicalement avec nous en « voisins de paddock », Enrique est au tapis de nouveau. Même vaché aujourd’hui, ils auraient remporté le titre avec ces maigres 250 points pour la course d’aujourd’hui ! Bravo messieurs, de beaux champions, et avec la manière !


Le débrief

Mais que nous a-t-il manqué pour passer collectivement à côté, et d’autant ? Et ce chez nous, à la « maison » ! Je le disais, le mode « warrior » nous a, je pense, manqué, notamment dès le 1er jour où nous sommes posés 30 bonnes minutes avant les allemands dans ce champ de 11 planeurs ! Un 0.4m/s négligé trop tôt pour espérer faire mieux. On aura eu aussi de grosses difficultés avec Méric à rester ensemble : des départs « foireux » de ma part, des bulles qui vous séparent en quelques mètres d’altitude, moi montant mieux lorsqu’à vide sauf dans les paquets, lui montant mieux si plus haut dans la bulle « loupée »… Il y avait tout pour limiter notre entraide qui était pourtant cruciale tant il était facile de passer à côté des varios dans le bleu comme sous les rares cumulus… Et pourtant, que nous avons une belle base de compréhension mutuelle et technique avec Méric ! La pauvreté de la saison de préparation nous saute aux yeux : impossible pour moi de venir au stage de StAuban pour cause de quarantaine obligatoire (le stage tombait en pleine 3ème vague du Covid) et une seule compétition « ensemble » mais sans travail radio car interdit en championnat de France à Bailleau. On s’y était forcé néanmoins à partir toujours ensemble et utiliser le Flarm en outil de travail en équipe, mais à ce niveau mondial et dans de telles conditions, des réflexes nous ont clairement manqué pour rester ensemble le plus possible. En cela la triplette allemande dans notre classe disposait d’un bel avantage et leur maître-mot semblait « ensemble ». Vivant en Allemagne j’avais pu suivre combien Jan et Enrique avaient pu voler ensemble, notamment en semaine, car leur emploi du temps professionnel semblait le permettre. Pas la même planète ! Ceci ajouté au manque de dynamique de l’Equipe devant les déceptions qui frappaient l’une des classes après l’autre aura mis notre coach Eric dans la pire des situations d’une spirale négative dont il faudra s’inspirer pour mieux la casser le moment venu. Comme tout sport, le bagage technique et l’expérience ne suffisent pas à se dépasser si le cerveau ne s’accroche pas au train, ne surfe pas la vague, surtout quand il n’y en a qu’une seule par jour comme dans ce championnat, violent de par ces conditions climatiques. Et pourtant, nous savions que cet environnement serait « toxique » sportivement, mais le déclic n’aura pas eu lieu. On se pose après 8 courses à 800 points au classement général des vainqueurs, une déculottée ! Simon Schröder (Alenagne, LS8neo), champion du monde, est suivi de son coéquipier Jan Omsels (Allemagne, Discus2a). Ils marquent 4600 malheureux points, un total significatif de la météo rencontrée et devancent Dennis Huybreckx (Belgique, LS8) pour compléter le podium. En Club, Eric et Killian sont également à 800 points du vainqueur Uwe Wahlig (Allemagne, LS3), qui devance Thies Bruins (Hollande, Asw20) et Stefan Langer (Allemagne, LS3). Dans notre équipe, Seul Laurent, en 15m, rentre dans les 10 premiers, 500 points derrière Sebastian Kawa et son coéquipier Lukasz Grabowski (Pologne) suivis de Matthew Scutter (Australie). Notre Maximilian Seis est lui logé à la même enseigne que ses coéquipiers à quelques 800 points de Kawa. Le podium en 15m est à 100% constitué de Diana2 capables de tomber à 30kg/m2, une charge bien utile dans ces conditions comme le confirmera Kawa lors de ses interviews et rapports de vol. Que penser alors de l’avenir de notre groupe après une telle performance ? Les moyens sont là en termes de logistique, mais les entraînements ont été fortement perturbés par la crise et la météo. Cela a, semble-t-il, été un peu moins le cas pour les pays de l’Est où les pilotes étaient en pleine canicule quelques semaines avant, pas forcément mieux pour se préparer à ce type de météo mais ça vole. La clef semble avoir été pour les Allemands de se préparer ensemble et voler ensemble, même hors championnat, en fait surtout hors championnat car ils ont été annulés de l’autre côté du Rhin. Avec le groupe sélectionné pour notre équipe cela aurait été très difficile de s’entraîner ensemble : je vis en Allemagne et mon travail est hyper prenant, Méric proche de Paris a les mêmes difficultés professionnelles. Killian revient d’une longue pause et découvrait le LS7 en dernière minute, Eric Bernard avait plus d’entraînement récent mais découvrait la machine aussi. Pour les pilotes des JS3, idem à part quelques vols à St-Auban et le championnat de Bailleau où, déjà, la charge alaire sur ces planeurs annonçait la couleur des difficultés à venir en petit temps. L’équipe allemande est aussi une équipe de propriétaires, Jan et Enrique ont leurs propres Discus-2a, Simon son LS8, Uwe et Stefan leurs LS3. Dans ces conditions météo où le mode « survie » est souvent engagé, des planeurs réglés finement et aux réactions parfaitement connues aident aussi à faire la différence. Nos deux pilotes en LS7 se plaindront ainsi tout au long du championnat de ne pas bien monter malgré leur faible charge alaire. Sûrement une technique à trouver mais le LS7 a peu d’aile. Les JS3 ne feront pas plus de miracles avec le même style de design. Déjà les ailes du Discus-2a dans ces conditions sont très « limite ». Reste que nous ne sommes pas les seuls à souffrir : Anglais (G. Dale fait 32ème sur 36 en classe Club !!), Tchèques, Polonais (sauf en 15m), et le pauvre Danois Bojanowski, pourtant en tête longtemps dans notre classe, qui finit juste derrière moi au classement final ! Mais les nouvelles générations Allemandes, ainsi que les jeunes Belges et Hollandais, ont su tirer leur épingle du jeu pour ces mondiaux organisés contre vents et marées.


La page des résultats officiels généraux : Soaringspot



Schröder, Kawa, Wahlig, 3 très beaux champions de ce championnat mondial.



Dans tous les cas, les pilotes qui ont brillé sont tous venus sans état d’âme et avec une volonté de fer, ce qui nous a vraisemblablement manqué. Nous devrons rebondir et reprendre dans la dureté les entraînements pour que les prochains mondiaux dans des conditions difficiles en deviennent une routine au moins mentalement. Là nous avons, en tout cas moi, clairement failli, en baissant les armes psychologiquement alors que c’est dur pour « tout le monde ». Il faudra donc redémontrer qu’on sait s’accrocher en serrant les dents pour mieux sourire sur le podium du jour, ou encore mieux, le podium final. Bravo à tous les bénévoles et professionnels qui ont rendu ce championnat possible et merci à la FFVP et aux préparateurs du matériel des équipes de France pour nous faire disposer du meilleur matériel possible dans les conditions actuelles. Message personnel : je compte sur les jeunes du Pôle Espoir pour les garder dans cet état. Encore merci à nos équipiers au sol pour leur dévouement et pardon à Eric pour cette bérézina collective. Un merci spécial enfin à toutes celles et ceux qui nous rendent la vie aussi facile que possible pour nous concentrer sur nos vols.





La FFVP avait mis beaucoup de moyens humains et matériels pour tenter de faire connaître les courses, sans grand succès. Ils feront beaucoup mieux durant le Grand-Prix à St-Auban, bravo!



ON n'a pas pu refaire la vache en commun avec Méric et notre paire n'aura pas su gagner, peut-être une autre fois. Pour cela il faudra repartir aux sélections nationales.

Le chat faisait évidemment partie du voyage, 3 semaines à respirer le bon air de la France.


Claire a encore assuré une partie de la logistique, merci!


A bientôt pour de prochaines aventures aériennes!



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